Pour ce moment

Personne ne voit donc la tension dans les bras laissant supposer que la femme agenouillée s’appuie au rebord de cheminée uniquement pour se relever.

La tête est certes baissée mais n’est-ce pas plutôt pour regarder le feu et laisser sa pensée crépiter au rythme des flammes ?

Si le personnage est statufié ce n’est que pour un moment.

La femme aux douceurs voluptueuses qu’elles soient de marbre ou de bronze, à peine dévoilées par le tissu dont émergent la jolie courbe des pieds ou la nuque qui dégagée par le chignon étire le mouvement vers l’âtre

Cette femme à la cambrure offerte à notre imagination, nous fait en même temps revenir sur nous-mêmes.

Car là est le tour de force

La vision de cette silhouette charnelle se métamorphose en un questionnement avide : celui d’une robe devenue lourde à porter, celui d’un être en proie à un dilemme

ou tout autre que vous serez libres d’inventer, aidés en cela par les différents angles :

de dos elle invite à la volupté

de profil elle est sur le point de bouger,

de face elle semble au repos …

Autant de lectures qui la font dépasser une époque aux statuts figés

des femmes -

pour la révéler sculptrice éternellement consacrée à son oeuvre.

Ce serait cette facette qui devant la solitude de son foyer songerait à la prochaine création,

à la matière qu’elle va utiliser, au sujet qu’elle va choisir, soumis à sa main pour l’instant immobile mais qui plus tard taillera elle-même dans la pierre aussi dure soit-elle, la modèlera sans répit conservant

la dualité de la matière

fragilité et force

que l’œuvre finale sublime.

Ô Combien aurais-je aimé être Claudel pour avoir sculpté "Profonde pensée" !